Aurélien a 35 ans et après avoir grandi en Alsace et fait des études d’ingénieur, il a réalisé plusieurs voyages, en Asie, en Amérique du Sud, et en Europe. La photo est d’abord venue comme un moyen de partager ce qu’il voyait. Et puis, petit à petit, il s’est attaché à améliorer la qualité de ses prises de vue et de ses sujets, plutôt orientés vers le portrait environnemental.
Sur quels critères choisis-tu tes destinations de voyages en tant que photographe ? Quelle est ton approche de la photo de voyage ? As-tu une discipline de prédilection dans la photo de voyage (paysage, portrait, animalier, streetphoto) ?
Je pense qu’il est judicieux de choisir ses dates de voyages en fonction de fêtes et de célébrations locales, même si cela engendre souvent un coût supplémentaire et parfois des difficultés à se déplacer. Les gens ont des costumes, sont de bonne humeur et se laissent facilement prendre en photo.
J’ai souvent cherché du dépaysement et de l’authenticité. J’aime me promener dans les marchés, de fleurs, de viandes, de poissons, … On y trouve des couleurs et une effervescence particulières qui correspondent encore à beaucoup de modes de vie dans des pays d’Asie et d’Amérique Latine.
Il est souvent dit que pour faire vraiment de la photo de voyage, il faut d’abord approcher les gens sans appareil, et échanger avec eux ; ne pas être le touriste pressé d’immortaliser une scène. L’idéal serait de pouvoir voyager plusieurs semaines, plusieurs mois, pour avoir le temps de discuter avec les autochtones, mais avoir ce temps, ce n’est pas simple !
Les émotions d’un pays se transmettent beaucoup à travers ses habitants, leur manière de vivre, plus encore que dans ses paysages. On est aussi plus dans l’instantané, le moment présent. Pour les portraits, j’ai pour habitude de demander aux personnes si elles sont d’accord et de leur montrer la photo après, cela est souvent très bien perçu.
On peut même leur envoyer la photo par les réseaux sociaux ou par email ! Je crois que ça leur permet de comprendre la démarche artistique et qu’on est plus intéressé par la scène devant nous que par eux en tant qu’individu, ca “anonymise” un peu la chose. On s’expose néanmoins au refus de la personne. D’autres photographes pensent qu’il est préférable de prendre la photo d’abord et demander ensuite.
Quel est le voyage qui t’as le plus marqué ? Pour quelles raisons ? Comment parviens-tu à transmettre ces émotions et l’histoire de ce voyage à travers tes photos ?
Mon premier voyage en solo dans le sud de l’Inde a été une étape importante mais mon meilleur souvenir reste le Népal. Comme ce pays est resté fermé au monde pendant des siècles, il a encore des traditions et des modes de vie très spécifiques, en plus de paysages incroyables !
Pour les découvrir, le mieux c’est d’aller dans le pays lors de grandes fêtes nationales, comme Dasain. Pour les Hindous, ces deux semaines sont synonymes de retrouvailles en famille, de cadeaux et de cerfs-volants…
On trouve aussi à Pashupatinath l’un des temples les plus sacrés pour les Hindous, équivalent à Varanasi (Inde) dans sa symbolique et dans son utilisation. J’ai aussi eu la chance de me tromper de chemin, d’entendre de la musique, d’aller voir, et de me faire inviter à un mariage. Dans un voyage photo, il ne faut pas tout prévoir et accepter de tenter des choses.
Comment prépares-tu ton séjour avant de partir en voyage ? As-tu des conseils pour les photographes voyageurs qui souhaitent découvrir ces destinations ? Des recommandations en matière de choix de matériel pour ceux qui voudraient faire le même type de photos que toi en voyage ?
Pour le matériel, je reste convaincu qu’un APS-C avec un zoom standard est le meilleur compromis entre : qualité, poids/taille, versatilité. J’ai par exemple commencé avec un Sony A5100 (notamment en Inde) ! Avec un petit boîtier et un écran inclinable, on est plus perçu comme un voyageur que comme un photographe et je pense que ça aide les gens à se détendre face à l’objectif. Le zoom permet de varier les distances focales, ce qui est important dans un reportage photo.
Pour les portraits, si on n’est pas à l’aise avec une courte distance focale, on peut opter pour un téléobjectif qui permet de faire des prises de vues à bonne distance. Une fois qu’on est à l’aise, je pense qu’un équivalent 35mm lumineux est la meilleure option car il permet de tout faire avec un seul objectif ; on gagne du temps dans la prise de vue avec une focale fixe.
Une des limites d’un capteur APS-C reste sa capacité en faible luminosité comme pour un ciel étoilé ou un lever de soleil. Sa légèreté et sa compacité en font néanmoins un compagnon idéal en voyage et en randonnée/alpinisme.
Il faut bien penser à toujours shooter en RAW+JPEG, car même si on ne pense pas retoucher ses photos lors du voyage, il est important d’en avoir la possibilité plus tard, parfois plusieurs années après. L’un des meilleurs investissements que j’ai fait est d’avoir une attache Peak Design Capture, c’est fiable et ça permet d’accéder rapidement à l’appareil en gardant les mains libres le reste du temps. En voyage il faut faire le tri de temps en temps pour ne pas en avoir trop une fois rentré. Mais si on a un doute sur une photo, il vaut mieux ne pas la supprimer et la réévaluer plus tard que de la perdre.
On peut se former et éduquer son regard avec des chaînes YouTube de qualité (James Popsys, The Photographic Eye, The Raw Society, Paul Napo, The Art of Photography, Mitchell Kanashkevich) et des revues spécialisées en photojournalisme telles que “6 mois”.
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